Pour Claude et Marc, Kalyros est d’abord la petite île grecque dont on rêve : le village blanc, la mer, le ciel bleu, le soleil, le repos dans la maison de pêcheur qu’ils ont louée. Marc pourra peut-être y retrouver la joie d’écrire, et sa femme la paix du cœur, car elle vient de vivre avec un autre une brève et brûlante aventure. Mais on n’est jamais seul au monde. Un riche antiquaire italien, Ettore Gardini, réside également dans l’île. Parmi ses invités, Claude aura la surprise de reconnaître Alen, l’homme qu’elle vient d’aimer. Au long des jours ensoleillés, s’ébauchent alors des intrigues, favorisées par Gardini, qui semble vivre l’amour à travers ses amis, comme pour se cacher à lui-même une inguérissable blessure. Claude et Alen réapprennent les gestes de la passion, tout en se cachant, lui de Diane, son inquiétante épouse habitée par la jalousie, elle de Marc, au reste distrait par une jolie estivante. A travers le récit de Claude, nous voyons les personnages se transformer, se livrer, se découvrir. C’est un peu comme si la vie des vacances jouait au jeu de la vérité, révélait les êtres avec leurs souvenirs, leurs faiblesses et leurs mystères. Personne n’en sortira tout à fait indemne. Claude moins qu’une autre, comme s’il y avait à Kalyros un sort sur les amants. Avec ses dons romanesques une fois de plus manifestes, Solange Fasquelle sait nous raconter une belle histoire d’amour, tempérée de mélancolie. De celles qu’on n’oublie pas parce qu’on y entend la petite musique amère de la vie comme elle est.