Au chapitre cinquième de sa Constitution "Lumen Gentium", le Concile Vatican II parle de « la vocation universelle à la sainteté dans l’Église ». Cette forte et sereine affirmation peut surprendre ceux qui se font une idée de la sainteté comprise - non sans raison - comme un haut degré de perfection morale, spirituelle et caritative. Mais cette assurance ne risque-t-elle pas, de ce fait, d’être difficilement reçue pour beaucoup, si l’on juge d’abord à cette aulne de la sainteté chrétienne ? Cette question invite, en tout cas, à rejoindre le sens mystérieux et l’exigence - à la fois humaine et mystique - de cette sainteté, à laquelle les chrétiens sont appelés. Ils y parviennent, en essayant de mieux percevoir l’enracinement de cette sainteté, qui puise sa signification réelle et sa fécondité de l’engagement du Dieu saint dans notre Histoire. Celui-ci culmine sur la Croix pascale, où s’accomplit le Mystère du Salut universel. C’est ainsi que les Apôtres et les Martyrs ont saisi, les premiers, où était pour eux - à la suite de Jésus - le lieu attirant et efficace de la sainteté, qui n’est pas autre chose qu’une participation au Mystère pascal. Mais elle est ouverte à tous. Il suffit, en effet, d’accueillir l’Évangile et de vivre de la foi, de l’espérance et de la charité, pour être constamment uni à ce Mystère de Jésus, qui en est la Voie, la Vérité et la Vie. Il est possible, alors, de tracer les traits de l’homme aux désirs purs et saints qui, dès ici-bas et pour toujours, aspire à cette sainteté en Christ, qui ne connaîtra pas de couchant. Après avoir été professeur et directeur spirituel aux séminaires de Coutances et de Versailles, puis responsable de la formation des candidats à l’entrée dans la Compagnie de Saint-Sulpice, Guy Tilliette est actuellement directeur au séminaire des Carmes, le séminaire de l’Institut catholique de Paris.